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SCROOGLE

Publié le 4 Décembre 2009 par winux in INFOS LIBRES

SCROOGLE

En premier lieu, je dois avouer que je ne prétends pas que Google est un monstre, où qu’il est nécessairement mauvais. Selon moi, Google a apporté de bonnes choses au monde informatique, en fournissant un service de recherche très efficace. Par contre, Google a plusieurs aspects négatifs qui sont souvent oubliés malheureusement. C’est sur quoi j’aimerais concentrer cet article, menant à la conclusion que Scroogle est une alternative désirable.

Confidentialité

Tout d’abord, Google n’a clairement pas à coeur le respect de la confidentialité. De plusieurs façons, Google rassemble une base de données incroyable sur chaque individu utilisant son moteur de recherche. À un point tel que cette base de données est probablement la base de données la plus importante sur les individus qui n’a jamais été monté dans l’histoire. Comment Google fait-il cela ?

De un, dès que quelqu’un accède à Google, un cookie est installé sur son ordinateur (et y vivra jusqu’à 2038) puis enregistre sa présence à chaque fois qu’il accède au site de Google. Puis, Google enregistre toute l’information qu’il peut : l’identification de son ordinateur, les sites qu’il visite, la date, l’heure, son navigateur, etc. De plus, Google n’a aucune politique d’effacement des données, comme beaucoup d’autres sites ; Google garde et utilise les données récoltées indéfiniment. Ils n’expliquent pas pourquoi ils veulent ces données ; de plus, lorsqu’on a demandé à Google s’il devait remettre certaines de ces informations a le police, il a refusé de répondre. Sans oublier que Google lit (par robot il va de soi) tous les emails qui passent par GMail, et a accès à toutes les adresse emails storées dans les comptes GMail. Et la liste continue. Bref, il va de soit que Google n’accorde pas beaucoup d’importance à la confidentialité ; non seulement il n’y accorde pas beaucoup d’importance, mais par ses actes il milite explicitement contre ce principe fondamental (pour plus d’information sur la critique de la politique de confidentialité de Google, voir par exemple l’article de Wikipedia à ce sujet, l’article général de Wikipedia sur Google, ou encore l’article Google as Big Brother).

Et puis ? Quel est le problème ? Beaucoup d’autres services font de même, sinon pire, me direz-vous ! En effet, ce qui est tout autant désolant et malheureux. Par contre, le fait est que Google possède présentement un quasi-monopole sur la recherche internet (je crois que 75% des recherches se font par Google). Autant Google est efficace en tant qu’engin de recherche, autant sa base de données sur chaque individu dans le monde s’agrandit. Et même si présentement cette base de données ne cause pas vraiment de problème, il est difficile de prédire ce que le futur nous réserve, et ce que Google, en tant que multinationale, décidera de faire avec cette mine incroyable de données. Il est clair que Google possède l’intention de monter cette base de données (car il pourrait très bien effacer périodiquement les données recueillies) ; dans quel but ? Pour améliorer le service, diront-ils ; mais ils existent plusieurs autres façons de produire un service tout aussi personnalisé sans avoir à recueillir et conserver ces données indéfiniment . La réalité est que monter une telle base de données, en soi, est éthiquement discutable ; ça ouvre la place à la mise sur pied d’un véritable Big Brother de l’Internet...

Un exemple simple d’un problème à l’horizon (si ça ne s’est pas déjà produit...) ; on connaît maintenant les méthodes du FBI pour limiter les médias alternatifs (voir entre autres l’article suivant sur la saisie des serveurs Indymedia par le FBI, http://zombie.lautre.net/article.php3 ?id_article=181). Le FBI n’a clairement pas à coeur la liberté d’opinion sur internet lorsqu’elle va à l’encontre des politiques capitalistes globales, et est prêt à tout pour la limiter. En outre, Google se refuse à confirmer ou infirmer s’il partage son immense base de données avec la police et la justice. Plutôt facile d’imaginer ce qui pourrait (ou est en train) de se passer...

Nécessité

Certains me diront sûrement que si Google capture toute cette information, c’est sûrement parce qu’il en a besoin pour le bon fonctionnement de son engin de recherche. Mais justement, non. C’est alors que Scroogle entre en jeu. Scroogle (http://www.scroogle.org, voir aussi le court article de Wikipedia) est un "proxy" de Google qui utilise les bons côtés de Google et en élimine les mauvais. En fait, Scroogle utilise le moteur de recherche de Google, mais enlève toutes les publicités, empêche le moteur d’enregistrer des informations sur les utilisateurs et de les garder indéfiniment. Point de vue efficacité, le résultat est le même : Scroogle utilise le même moteur de recherche que Google ! En d’autres mots ; prenons Google, et enlevons les aspects capitalistes et Big Brother ; voilà Scroogle !

Ce service est semi-légal ; il n’est pas évident s’il est légal ou non, mais il est suffisamment légal pour que Google n’ait toujours pas poursuivi l’organisme derrière Scroogle. En outre, Google a bloqué le serveur de Scroogle en 2003 ; par contre, ils n’ont eu qu’à changer de serveur pour continuer leurs activités comme auparavant (voir Why we scrape ? à ce sujet).

Conclusion

Bref, si l’Internet libre vous tient à coeur, Google n’est pas une option parfaite. Il est évident que Google a apporté un outil très utile à la navigation sur le web, mais cette omniprésence du moteur Google ne s’est pas faite sans dommage : la confidentialité et la liberté ont été directement attaquées. Malheureusement, on oublie souvent cet aspect de Google ; en fait la plupart d’entre nous ne sont tout simplement pas au courant de ces pratiques infiltrantes qui nous sont imposées à chaque fois que nous recherchons un terme en utilisant Google. Le but de cet article était tout simplement de présenter ce côté sombre de Google, et de proposer une alternative : Scroogle. Sur le site de Scroogle, on propose aussi un autre moteur de recherche, qui à leurs dires donne de meilleurs résultats que Google, et n’indexe pas l’information des utilisateurs : Clusty. Je ne connais pas ce moteur de recherche, mais c’est une possibilité à expérimenter. Notez aussi que si vous utilisez le navigateur Mozilla Firefox, il est possible de modifier en un clique la barre d’outil de Firefox qui permet des recherches Google directs, pour qu’elle utilise Scroogle, ou encore Clusty, plutôt que Google.

Pour terminer, cet article m’amène à proposer la réflexion suivante. D’un côté, Google a apporté de bonnes choses au monde Internet ; par contre, il impose aussi, volontairement, un nouveau code de conduite qui va contre le respect de la confidentialité des individus. Devrions-nous encourager ce genre de compagnie ? En d’autres mots, devrions-nous utiliser Google, ou devrions-nous militer explicitement contre Google ? Un autre exemple me vient immédiatement à l’esprit : Skype. D’un côté, Skype a "révolutionné" (quoique plusieurs affirment que de tels services étaient disponibles bien avant Skype) le monde de la téléphonie, en proposant, à l’aide de leur service de téléphonie Internet, un service gratuit, partout dans le monde, et de très bonne qualité. Par contre, Skype n’est pas un logiciel libre (i.e. pas "open source") ; mais non seulement il est fermé, il utilise en plus son propre codec privé, plutôt que d’utiliser le codec universel de téléphonie Internet. En d’autres mots, ce que ça signifie c’est que les personnes qui n’utilisent pas Skype ne peuvent pas communiquer avec les gens sur Skype (tant que le codec de Skype reste fermé et qu’il ne le partage pas avec la communauté Internet) ; conséquemment, il devient très difficile de créer un véritable réseau de téléphonie Internet compatible et universel. Pour communiquer, il faut Skype, un point c’est tout. C’est un peu comme si une compagnie de téléphone, par exemple Bell au Québec, décidait d’utiliser des codecs privés. Ainsi, si dans mon village un concurrent de Bell fournissait le service téléphonique, je ne pourrais pas téléphoner à tous mes amis qui ont le service Bell, car nos services ne seraient pas compatibles. Ça n’a évidemment pas de sens ; simplement car le réseau téléphonique est universel, et sa méthode de transmission est publique et ouverte. Bref, Skype milite ouvertement, par ses actions, contre cette universalité. Devrait-on encourager et utiliser Skype ? Ou le boycotter ?

Bref, à quel moment les contres l’emportent-ils sur les pour ?

Source de l'article

Ce moteur n'existe plus depuis le 21.02.2012 (Google ne lui fournissait plus de réponse, ce qui prouve que Scroogle faisait bien son office de filtre anonymisant

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